Vaccinations et bien-vivre pour Jésus
Version anglaise approuvée par le NFLT
Version française, traduction libre par D. Lajeunesse
et approuvée par le CFV québécois
Préambule :
De temps à autre, l’équipe nationale Foi et Vie (NFLT) répond à des questions importantes auxquelles nous sommes confrontés en tant que communauté ecclésiale cherchant à être fidèle à Jésus. Le document suivant présente une volonté de la NFLT de fournir un fondement biblico-théologique et des conseils pratiques aux dirigeants et aux églises FM alors que nous sommes confrontés aux questions de la vaccination du Covid-19, de la conscience religieuse et des exigences gouvernementales en matière de vaccins obligatoires/de passeport. Nous espérons que ce document vous sera utile et serions ravis d’entendre vos réactions si vous pensez que ces conseils théologiques bibliques sont fidèles aux Écritures. Vous pouvez nous contacter à l’adresse suivante : [email protected]
Les disciples de Jésus confrontés à des questions éthiques complexes et redoutables ne s’en remettaient pas immédiatement à l’opinion ou à la sagesse humaine, mais devaient chercher à être guidés par l’Esprit saint. Cette recherche implique de se réunir en tant que communauté et de filtrer la question à travers un fondement biblico-théologique. Bien que notre fondement biblico-théologique ne puisse pas, comme un distributeur automatique, fournir des conseils précis sur chaque dilemme auquel les disciples sont confrontés, il fournira au moins quelques éléments de réflexion solides sur lesquelles s’appuyer pendant que nous discernons en ce moment la volonté de Dieu.
Avant d’explorer ces questions contrariantes liées aux vaccins Covid-19, nous devons commencer par énumérer les éléments de réflexion biblico-théologiques les plus importantes qui auront un impact sur chacune des questions que nous poserons. Mais nous devons également préciser ce que nous ne ferons pas. Nous ne tirerons pas de conclusions fondées sur des tendances essentiellement politiques. Nous ne critiquerons pas les gouvernements et nous ne ferons pas l’éloge de la liberté individuelle. Les prophètes bibliques ne dénonçaient pas les gouvernements en raison de leur rang, mais plutôt en raison de leur manque de préoccupation pour le bien-être du peuple (cf. Es 3.13-15).
Nous ne présenterons pas non plus d’arguments fondés sur la question de savoir si notre gouvernement séculier a des droits légaux ou des précédents pour faire ces choses. Nous ne commençons pas par consulter des avocats qui peuvent nous conseiller sur la Charte canadienne des droits et libertés (ou toute autre législation). Nous ne disons pas que ceux-ci sont sans importance, mais seulement que nous ne croyons pas que c’est par là qu’il faut commencer. Le document qui suit n’est donc pas une critique ou un éloge d’un parti ou d’une position politique, mais une exploration biblique et théologique visant à aider les disciples de Jésus (en particulier ceux des églises FM canadiennes) à disposer d’une base solide pour faire face à ces questions difficiles.
Le présupposé derrière nos éléments de réflexions est que notre appel en tant que disciples de Jésus est de porter fidèlement l’image de Dieu devant un monde qui nous regarde. Si tous les humains sont des porteurs d’images divines, plus encore les disciples de Jésus qui ont été pardonnés, purifiés et dotés de la puissance du Saint-Esprit, doivent porter cette énorme responsabilité de refléter le caractère de Dieu dans le monde. Nous voulons bien vivre pour Jésus — en élevant le nom de Jésus de manière positive dans nos communautés. Le fait de porter l’image de Dieu doit certainement impliquer de refléter « l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la gentillesse, la fidélité, la douceur et la maîtrise de soi » de Dieu (Ga 5.22-23). En portant l’image de Dieu dans le monde, tous les humains doivent être témoins de nos « bonnes œuvres » et venir « adorer notre Dieu » (Mt 5.16 ; cf. Ép 2.10).
Notre présupposé commence par cette priorité de refléter le caractère de notre Dieu trinitaire devant notre monde qui nous regarde. Les discussions sur les vaccins, les mandats et la liberté religieuse doivent être placées dans le contexte de notre témoignage dans le monde. Même s’il est inévitable que nous ne soyons pas à la hauteur de cet idéal élevé dans chaque circonstance, ne pas en faire une priorité absolue garantira certainement que nous serons loin d’atteindre cet objectif. Lorsque nous, en tant que famille d’église, nous projetons dans l’avenir, une fois que ces questions spécifiques sur les vaccins seront passées, nous devons nous demander si les comportements que nous avons choisis aujourd’hui auront donné une bonne image de Dieu — nos voisins auront-ils vu en nous (tant dans nos convictions déclarées que dans notre façon de vivre ces convictions), un reflet exact de Jésus ? Les cinq éléments de réflexion qui suivent s’inscrivent dans cet objectif.
Le premier élément de réflexion est que nous voulons être des personnes qui, ensemble, recherchent et disent la vérité dans notre monde.
Nous sommes à l’image du Dieu trinitaire dont les voies sont « justes et vraies » (Ap 15.3 ;
cf. 16.7). Nous voulons réfléchir à « tout ce qui est vrai » (Ph 4.8) ; nous sommes appelés à enquêter sur ce qui est « vrai » (Ac 17.11) ; et à suivre les traces de l’apôtre Paul qui affirme que ce qu’il a dit était « vrai » (2 Co 7.14). Refléter Dieu dans le monde implique d’enquêter, de discerner, de réfléchir et de dire ce qui est « vrai ». Ensemble, nous voulons discerner ce qui est vrai en matière de vaccinations, de mandats et de liberté religieuse — et rejeter ce qui est faux. Si nous ne le faisons pas bien, nous ne reflétons pas fidèlement notre Dieu trinitaire dans le monde. C’est un acte de discipulat que de poser de telles questions, d’enquêter sur les affirmations de vérités concurrentes et de rechercher des sources dignes de confiance. Nous reflétons l’image de Dieu dans le monde lorsque nous manifestons le désir de rechercher et de dire la vérité. Ensemble, nous devons rechercher la vérité, sinon nous nous fracturerons en une communauté où chacun fait « ce qui lui semble juste [vrai] à ses propres yeux » (Juges 21.25).
La partie « ensemble » de cette recherche et de cette expression de la vérité signifie que si la conscience individuelle est importante, la conscience individuelle n’est pas synonyme de sacralité ultime des opinions et/ou convictions fortes d’une personne sur ces questions. Historiquement, les chrétiens anabaptistes ont fait appel à ce que nous appelons « l’objection de conscience » lorsqu’ils avaient le sentiment que le gouvernement séculier les appelait à faire quelque chose de contraire à la vie de disciple. Pour les Frères mennonites, l’objection de conscience est une expression appropriée lorsque, en réponse à des convictions théologiques et éthiques partagées dans notre Confession de foi, nous disons non à une demande qui nous est faite par notre gouvernement. Puisque nous ne disposons pas d’un enseignement de la Confession de foi qui traite spécifiquement des vaccins, des mandats et de la liberté religieuse, nous devons nous abstenir de faire appel à ce terme. Il n’y a pas d’objection de conscience aux vaccins qui émerge de quoi que ce soit dans notre Confession de foi des Frères mennonites.
Le deuxième élément de réflexion est que nous apprécions et soutenons tout ce qui va dans le sens d’une vie humaine riche et robuste (physique, spirituelle, relationnelle, etc.) vécue en harmonie avec la création.
Dieu est le « Dieu vivant » (Ps 42.2) qui a créé la vie et l’a appelée « bonne » et « très bonne » (Ge 1.25, 31). La vie véritable (ou le Shalom) est ce pour quoi les humains ont été créés. Le péché s’oppose à cette vie véritable, la diminue et la tue. Dans l’Ancien Testament, suivre la voie de Dieu dans le monde devait conduire Israël à vivre longtemps (Ex 23.25-25 ; De 6.1-2). Dans le Nouveau Testament, nous entendons que Jésus, qui est « le chemin, la vérité et la vie » (Jn 14.6), vient pour que nous ayons « la vie en abondance » (Jn 10.10). Jésus est mort sur la croix et est passé de la mort à la vie pour vaincre la mort (1 Co 15.20-22). Les disciples de Jésus se voient promettre l’accès à « la [vraie] vie éternelle » (Jn 3.15-16).
Tout ce que font les disciples de Jésus a trait à cette vie véritable. Nous adorons Jésus qui apporte la vie. Nous marchons sur le chemin de Jésus, qui est un chemin de vie et non de mort. Nous invitons les autres à adorer et à suivre Jésus parce que c’est le chemin de la vie. Nous nous opposons aux efforts visant à diminuer la vie humaine, à l’abréger et à l’ôter. Nous soutenons les efforts visant à soulager la souffrance humaine et la recherche scientifique qui valorise et oriente la vie. Bien que la définition biblique de la « vie » soit plus robuste et plus riche que le simple fait que le corps physique d’une personne ait un cœur qui bat, nous croyons que Dieu est celui qui donne la vie et celui qui a compté nos jours et a le droit de donner et de reprendre la vie. Tout en affirmant ce principe de vie, nous reconnaissons qu’il existe un moment approprié pour remettre nos corps fragilisés et brisés (et ceux de nos proches) aux soins de Dieu, même dans la mort.
Cette pierre angulaire signifie que nous voulons soutenir toutes les actions qui contribuent à la vie et au bien-être de l’être humain, à moins qu’il n’y ait des circonstances atténuantes contraires à une autre pierre angulaire du discipulat chrétien.
Le troisième élément de réflexion est que nos actions doivent refléter le véritable amour de Dieu pour le prochain (Mt 22.39) et pour nos ennemis (Mt 5.44).
L’amour véritable donne sa vie pour le bien-être des autres (1 Jn 3:16). Ce type d’amour n’est pas simplement vrai quand et si nos voisins et ennemis ressentent notre amour ou se sentent soutenus, mais quand nous pouvons honnêtement dire devant Jésus que nos actions sont pour leur bien-être ultime (c’est-à-dire la vie vraie/le Shalom). Pour les disciples de Jésus, nous devons nous demander : Mes actions en ce moment reflètent-elles un amour sacrificiel pour le voisin et/ou l’ennemi ? Est-il clair que nous sommes encore plus préoccupés par les autres que par nous-mêmes ? Chacune de nos questions contrariantes doit être posée à la lumière de cette pierre angulaire — qui consiste à bien refléter notre Sauveur Jésus souffrant dans le monde.
L’amour du prochain a également des implications pour l’unité de nos assemblées locales. L’amour sacrificiel signifie que nous nous soucions tellement des autres que nous sommes prêts à sacrifier nos préférences pour le bien-être des autres. L’amour sacrificiel signifie que nous nous soumettons à la sagesse du grand groupe, même si elle est contraire à certaines de nos propres préférences. L’amour « protège, fait confiance, espère, persévère toujours » (1 Co 13.7).
Le quatrième élément de réflexion est que nous sommes responsables devant Dieu de l’intendance de notre propre corps (et des personnes dont nous avons la charge).
Dieu nous a tissés dans le ventre de notre mère, rendant notre vie physique et notre corps physique « sacrés ». Nous ne sommes pas les propriétaires de notre vie ou de notre corps, mais les « intendants » de ces dons sacrés. Cela signifie que ce que nous faisons de notre corps et mettons dans notre corps n’est pas simplement une question de liberté ou de préférences personnelles, mais une question de discipulat. Nous avons la responsabilité de ne pas abuser de nos corps ou de ne pas leur faire du mal, non seulement parce que cela témoigne d’une mauvaise gestion corporelle, mais aussi parce que Dieu a des projets de royaume pour nous et que nous mettons ces projets en péril lorsque nous traitons inadéquatement nos corps. Bien que nos vies et nos corps physiques soient sacrés et que nous en soyons les gardiens, ils ne constituent pas notre valeur ultime puisque nous suivons Jésus qui, en réponse à l’appel de Dieu, a donné sa vie pour racheter notre monde brisé. La quatrième pierre de fondation est que nous croyons que nous sommes les intendants de dons sacrés (c’est-à-dire nos vies physiques et nos corps), et toute discussion sur les vaccins doit être posée dans cette optique.
Le cinquième élément de réflexion est que nous sommes appelés à vivre sagement par rapport aux gouvernements de ce monde.
Nous évoluons dans un équilibre entre Romains 13 et Apocalypse 13. Romains 13 implore les premiers chrétiens de « se soumettre aux autorités qui les gouvernent » parce que le gouvernement a été « établi par Dieu » (v. 1) et est « le serviteur de Dieu pour votre bien » (v. 4). L’hypothèse ici est que les gouvernements peuvent jouer un rôle de soutien dans les intentions véritables de Dieu afin que la communauté du Royaume de Dieu puisse s’épanouir. Par conséquent, Romains 13 nous dit que nous devrions normalement nous conformer aux directives et aux mesures sanitaires du gouvernement qui sont là « pour [notre] bien » (cf. 1 Pi 2.13).
Apocalypse 13, cependant, dépeint une image plus sobre des gouvernements humains, démontrant qu’ils ont le potentiel d’outrepasser leur mandat divinement approuvé et de désirer une loyauté ultime et inconditionnelle allant dans le sens de l’adoration. Les gouvernements humains ont le potentiel d’endosser le rôle de « bête » ou du « dragon » en forte opposition au Royaume éternel de Dieu et à ses intentions de vie véritable. Dans ces cas, le refus d’adorer et/ou d’accorder une telle loyauté à un gouvernement séculier fait également partie de la vie fidèle du chrétien.
Cette cinquième pierre de fondation reconnaît que notre responsabilité première dans notre relation avec le gouvernement humain est d’être soumis à nos autorités dirigeantes tant que cela n’entre pas en conflit avec notre priorité de « chercher d’abord le Royaume [de Dieu] et sa justice » (Mt 6.33). Avec sagesse, nous devrons discerner si Dieu utilise nos autorités gouvernementales afin d’apporter le « bien » ou si nos autorités gouvernementales profitent de la crise actuelle pour s’opposer au peuple de Dieu et à notre mission dans le monde. Nous ne devons pas adopter immédiatement une position de suspicion et d’opposition à l’autorité gouvernementale, mais nous ne devons pas non plus être naïfs face aux « forces spirituelles mauvaises » (Ep 6.12).
Pour résumer nos éléments de réflexion biblico-théologiques, en tant que disciples de Jésus, nous voulons ensemble bien imiter Dieu en cherchant et en disant la vérité, en encourageant la vraie vie de Dieu en nous-mêmes et chez les autres, en aimant bien tous nos voisins pendant ces jours, en gérant bien nos corps physiques et en discernant si nos gouvernements soutiennent ou s’opposent, en ce moment, au Royaume de Dieu.
Question n° 1 : Les FM ont-ils une raison biblique et théologique de s’abstenir de se faire vacciner contre le Covid-19 ?
Question n° 2 : Les FM sont-ils opposés aux mandats de vaccination gouvernementaux qui limitent les services aux personnes ayant un certain statut vaccinal et/ou exigent un certain statut vaccinal pour des professions spécifiques ?
Question n° 3 : Les membres du conseil d’administration s’opposent-ils aux mandats gouvernementaux concernant les masques, les vaccins et/ou les fermetures forcées visant les activités des églises locales ?