Nouvelles de nos agences
Janvier 2023
MCC
Bonjour à tous ceux et celles qui appuient le MCC,
Je ne saurais trop vous remercier pour votre soutien cette année, que ce soit individuellement ou par le biais de votre participation en Église.
Pour certains d’entre nous, 2022 a été une année difficile. Pour nombre de nos voisins du monde, la dévastation a été implacable.
C’est pourquoi je suis si reconnaissant envers les gens comme vous. Des personnes attentionnées et extraordinaires qui donnent et servent si généreusement pour changer les choses.
Grâce à votre gentillesse, des communautés du monde entier connaissent une transformation comme jamais auparavant. Les enfants en Syrie ont de quoi manger. Les jeunes filles au Burkina Faso, où servent courageusement nos amis John Clarke et Anicka Fast, ont accès à l’éducation qu’elles méritent. Les agriculteurs boliviens ont acquis les outils nécessaires pour s’adapter au changement climatique. Les familles ukrainiennes disposent de fournitures d’urgence pour se réchauffer cet hiver. Je pourrais continuer encore et encore. L’impact de votre générosité est tangible et votre engagement à aider les autres est vraiment touchant.
Sur le plan local, en 2022, le MCC Québec a voulu soutenir la réflexion collective sur le rôle de paix des Églises anabaptistes, notamment en proposant aux dirigeants de nos Églises une conversation sur la base du livre Menno au Québec, de Richard Lougheed, paru l’an dernier. Ou encore, par le biais des enseignements apportés par Zacharie Leclair sur nos relations avec les Autochtones, et par moi-même sur divers sujets liés à la consolidation de la paix.
Pour 2023, tant reste à faire dans le monde mais aussi dans notre propre cours. Le MCC Québec entrevoit pour les prochaines années de nouvelles initiatives locales qui toucheront et stimuleront nos Églises ! Plus de nouvelles à venir sous peu ! Merci de vous associer à nous dans ce travail de secours, de développement et de paix ici et dans le monde. Je suis tellement reconnaissant de le faire à vos côtés.
Le MCC Québec encore une fois au palmarès des meilleurs organismes de charité
Pour en savoir plus, veuillez suivre ce lien.
Voisins autochtones
Pour lire l’article et consulter des ressources sur le sujet, veuillez suivre ce lien.
ETEQ
L’ETEQ vous offre un article sur la Saint-Barthélemy par Richard Lougheed, chargé de cours en histoire du Christianisme.
Camp Péniel
Voici les détails des camps d’hiver
Inscrivez-vous via le formulaire :
https://www.camppenielquebec.ca/formulaire-campeur-automne-hiver
Voici les détails pour les camps d’été
Septembre 2022
MCC
L’été 2022 du MCC Québec a été marqué par sa participation à la tenue des camps de jeunes à Péniel. Deux jeunes moniteurs y ont servi à travers le programme Service au Soleil. Le programme incluait une formation donnée par Daniel Genest à tous les moniteurs et monitrices travaillant à Péniel cet été. La formation portait sur les bases de la foi anabaptiste avec un accent sur une théologie de la paix et de la justice pour les plus vulnérables. Puis, le MCC a apporté l’enseignement pour toute la durée du camp d’ados. Lyne Dufresne, Daniel Genest et Zacharie Leclair ont exposé les jeunes aux enjeux de paix et de justice dans un monde en transformation, notamment par les changements climatiques, et réfléchi avec eux sur le lien entre la foi en Dieu et l’application de l’évangile dans la réalité qu’ils vivent.
À la rentrée de septembre, le MCC Québec a pris l’initiative de tenir un cercle de discussion autour du livre de Richard Lougheed, Menno au Québec, tout juste paru au printemps 2022. Une vingtaine de personnes venues de 7 de nos Églises ont pris part à cette conversation tenue le vendredi 2 septembre à l’Église de Sainte-Rose. L’idée était d’utiliser le récit des 4 groupes anabaptistes ayant fait mission au Québec pour imaginer des pistes pour notre avenir. Nous avons parlé de ce qui a façonné notre parcours, pour le meilleur comme pour le pire, et de ce qui pourrait être des atouts pour accroître l’impact de notre témoignage dans la société québécoise d’aujourd’hui. Nous nous sommes quittés en nous promettant de poursuivre les échanges sous peu !
Également cet automne, le MCC Québec amorce un nouveau cycle pour les prochains 3 à 5 ans, et un brassage d’idées s’impose avec l’équipe québécoise du MCC (Daniel et Zacharie), le comité consultatif du MCC Québec (Véronique Beaudin, Réal Bonneville, Dora-Marie Goulet, Lyne Renaud et Annie Labelle). Richard Lougheed y assistera à titre d’invité. De plus, notre directrice Ruth Plett ainsi que Rick Cober Bauman, directeur général du MCC Canada, se joindront à nous, de même qu’un des deux représentants québécois siégeant au conseil d’administration du MCC Canada. Jean Raymond Théorêt a été invité à encadrer les discussions et il produira ensuite un rapport. Par ailleurs, le mandat d’un des membres au comité consultatif prenant fin, nous cherchons un autre candidat [masculin] venant des frères mennonites pour le remplacer. Avis aux intéressés : veuillez communiquer avec Daniel Genest.
ETEQ
Un partenariat possible dans la formation théologique ?
À mon arrivée au Québec en 2016, je découvre que les églises dans la Belle Province ressemblent souvent à la première communauté de croyants en Israël : des communautés de petite taille confrontées à de grands défis interculturels et spirituels et pourtant, passionnément motivées et conscientes d’être appelées par le Christ à être ses témoins « à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie et jusqu’aux extrémités de la terre ». Lorsque vous soutenez l’ETEQ, vous entrez dans un partenariat missionnaire local, régional et potentiellement, international pour la gloire de Dieu, car selon les missiologues, le Québec est encore une terre de mission.
Le Christ nous appelle, nous et son Église, à être des témoins à Jérusalem, là où le peuple de Dieu se trouve. Pour nous, à l’ETEQ, « notre Jérusalem » est la ville de Montréal. Notre appel est d’être des témoins de service, de paix et de réconciliation auprès du million d’immigrants et d’expatriés qui vivent à Montréal. Nous avons cette même mission envers les 76 000 juifs, 34 000 bouddhistes, 26 000 hindous de la ville reconnue comme une des villes préférées des étudiants internationaux. C’est la raison pour laquelle nous offrons plusieurs cours sur l’interculturalité. Nous équipons les communautés de croyants afin qu’elles soient formées au dialogue et au témoignage interculturels. De même, lorsque l’ETEQ offre un cours sur les grandes religions du monde, nous formons les étudiants envoyés par les églises locales à mieux comprendre la vision du monde de leur voisin et de leur prochain.
Le Christ nous appelle, nous et son Église, à être témoins dans toute la province du Québec. Cela représente un défi missionnaire et logistique à cause de la taille du Québec. Rappelons que la Belle Province fait trois fois la superficie d’un pays comme la France ! Toutefois, depuis la pandémie, grâce aux classes hybrides, tous les Québécois peuvent suivre des cours à l’ETEQ et devenir des témoins là où ils se trouvent. Qu’ils se sentent appelés en Estrie, en Gaspésie, au Saguenay ou partout au Québec, ils se forment sans s’éloigner de leurs églises locales, leurs domiciles ou leurs familles.
Le Christ nous appelle, nous et son Église, à être témoins en Samarie, peut-être dans des endroits qui ne sont pas nécessairement loin de chez nous, mais dans des contextes différents et complexes. Je suis très fier que l’ETEQ ait participé à la formation de deux aumôniers de prison diplômés d’une maîtrise en théologie et qui ont pu explorer et approfondir les bases de leur ministère à la fois particulier et pertinent. Le Christ nous appelle, nous et son Église, à être témoins jusqu’aux extrémités de la terre : voulez-vous rêver avec moi ? Prions pour l’impossible. Et si le Québec était une lumière du salut pour la francophonie ? Qui seront les prochains missionnaires québécois en France, en Belgique, en Suisse et en Afrique francophone ? L’ETEQ pourrait-elle être un avant-poste missionnaire de formation biblique, théologique, interculturelle ? Soutenir l’ETEQ c’est être un missionnaire local, régional et potentiellement, international pour la gloire de Dieu.
Lettre de nouvelles de l’ETEQ, automne 2022
Pour plus d’informations : www.eteq.ca
Camp Péniel
Retour sur l’été
Un été au Camp Péniel est tellement chargé d’activités, d’anecdotes drôles ou touchantes, de belles rencontres et d’émotions fortes que cela me prendrait des pages pour tout raconter. Je tenterai d’être brève ! En effet, après 34 mois sans camp de vacances, nous avons eu droit à un retour en force. Les enfants étaient au rendez-vous et vous y étiez aussi, nos chers supporters et bénévoles.
Nos deux camps pour enfants ont accueilli un total de 70 campeurs. L’une de nos deux semaines était remplie au maximum de sa capacité, nous obligeant à refuser l’inscription de quelques campeurs. Heureusement, la plupart d’entre eux ont pu s’inscrire à la deuxième semaine pour enfants que nous offrons. Nouvellement cette année, nous collaborons avec La Fraternité des Prisons du Canada qui nous ont recommandé huit jeunes campeurs dont un parent est détenu et à qui nous avons offert une semaine de camps au rabais. Ensuite 32 ados de 13 ans et plus sont venus vivre une semaine mémorable au camp. Mémorable, ce n’est pas peu dire. Toutes les personnes sur place pourront vous en témoigner, cette semaine était bénie. L’amour et l’authenticité qui coloraient les relations et les discussions durant cette semaine étaient palpables. Nous aimerions tellement que vous y soyez avec nous pour voir et saisir comment Dieu touche les cœurs au Camp Péniel. Nous sommes heureux d’avoir pu partager ces beaux moments avec plus d’une trentaine de bénévoles. Ensemble, ils ont cumulé plus de 76 semaines de travail à temps plein ! C’est plus d’une année de service ! C’est la disponibilité de ces personnes dévouées qui nous permet d’offrir de si belles semaines de camps. Nous partageons le succès de cet été avec chacun d’entre eux ! Merci, merci, merci !
Encore une nouveauté de cette année, le camp OPS a reçu 9 participants provenant d’un camp de l’Ontario. Sous la direction de Merlin Martel et Jason, 13 participants sont donc partis au Parc National du Mont-Tremblant. Ils ont d’abord accompli le parcours à flanc de montagne de la Via Ferrata et ont ensuite passé 3 nuits en canot-camping. Les campeurs comme les deux directeurs en sont revenus énergisés, accomplis et excités à l’idée de revenir l’an prochain !
Nous avons aussi eu le plaisir de travailler avec 7 moniteurs qui ont effectué un travail remarquable. Avant les camps, ils ont participé à une formation de 5 jours et année après année, nous voyons la nécessité et l’efficacité d’une bonne formation pour notre équipe. Ils se sont par la suite lancés dans l’aventure avec dynamisme. Leur travail n’est pas simple : 24 h/24 h, ils doivent animer, guider et prendre soin du groupe de campeurs qui leur est attitré. Ils ont relevé le défi avec amour et persévérance !
Les camps d’automne sont de retour !
Le camp d’ados aura lieu du 14 au 16 octobre. Il offrira l’occasion aux jeunes de cet été de se revoir et de passer un temps encourageant et ressourçant quelques semaines après le retour en classe.
Aussi, à la demande générale (merci Terrell) nous ramenons les camps 18+ ! Nous réalisons que plusieurs jeunes adultes sont passés par le Camp Péniel durant leur adolescence en tant que campeurs ou en tant que staffs. Leur temps au camp est une source de bons souvenirs de moments passés ensemble et avec Dieu. Nous serons heureux de les recevoir tous du 21 au 23 octobre prochain.
Projet d’automne
Finalement, nous vous rappelons qu’un gros projet de rénovation aura lieu cet automne. La collecte de fonds 2021 a porté ses fruits et nous pourrons enfin changer les fenêtres de l’Auberge ainsi que refaire l’isolation et le revêtement extérieur du bâtiment. Ce projet aura un impact majeur sur l’esthétisme de l’Auberge ainsi que sur sa dépense énergétique. Nous remercions à l’avance William Madran pour sa disponibilité à venir travailler avec Jason sur le projet pendant plusieurs semaines !
Parlant de disponibilité, nous avons besoin d’aide au Camp Péniel ! Vous avez un peu de temps et vous aimeriez faire profiter le Camp Péniel de vos talents, contactez-nous pour vous ajouter à notre banque de contacts bénévoles ! Nous pourrions vous contacter selon vos intérêts. Que ce soit pour l’aide à la cuisine durant les fins de semaine, pour des petits projets de rénovation, pour des réparations de plomberie ou pour faire un peu de jardinage, nous serions heureux que vous nous portiez main forte !
Aussi, nous vous invitons à vous abonner à notre lettre de nouvelles pour connaître les projets en cours, l’horaire des activités ou les sujets de prières pressants. De plus, nous sommes actuellement en grande réflexion par rapport à la création d’un nouveau poste à combler au Camp Péniel. Vous inscrire à notre lettre de nouvelles vous permettra de rester à l’affût de cette nouvelle offre d’emploi !
Merci de nous lire et merci de prier pour l’œuvre faite au Camp Péniel !
Des photos de l’été
Mai 2022
MCC
Pour lire la réflexion sur la non-violence en temps de guerre par le directeur du MCC Canada Rick Cober Bauman » Une voix paisible à l’aube de la guerre » : https://mccottawaoffice.wordpress.com/2022/04/12/une-voix-paisible-a-laube-de-la-guerre/
ETEQ
Camp Péniel
Camp pour célibataires
Camps d’été 2022
Cet été, c’est sous le thème de “LA RUÉE VERS L’OR” que les enfants découvriront quel est le plus beau cadeau et ce qui a réellement de la valeur dans leur vie.
Inscrivez-vous vite, près de 50% de nos places sont déjà prises !
Le Camp Péniel reprend enfin ses activités ! Après deux ans sans tenir de semaine de camps, c’est reparti ! Voici l’horaire de l’été qui s’en vient !
Camp pour enfants 7-12 ans no1: 10-15 juillet | Camp pour enfants 7-12 ans no2: 17-22 juillet
Camp pour ados 13-17ans: 3-8 juillet | Camp de famille: 24-29 juillet | Camp OPS (canot-camping)
14 ans et + : 7-12 juillet
Les places pour le Camp OPS sont limitées, nous ne prenons que 6 participants.
Au programme, 2 jours au Camp Péniel à apprendre des techniques de canotage et apprendre à se débrouiller en forêt, 3 jours de canot-camping sur les territoires sauvages du Parc National du Mont-Tremblant et une grosse journée d’émotions fortes à flanc de montagne de la Via Ferrata.
Pour vous inscrire, c’est ici : www.camppenielquebec.ca\les-camps
Des questions ? Appelez-nous ! 450-226-2892
Mars 2022
MCC
L’ensemble des informations du MCC sur https://mcccanada.ca/stories/litinerance-et-les-valeurs-de-la-justice-reparatrice.
L’itinérance et les valeurs de la justice réparatrice
Célébration d’une messe catholique pour les usagers du refuge temporaire de CARE, tenue le 17 octobre 2021 dans une aréna de la rue Hochelaga.
Photo : Michel Monette
Michel Monette est un pasteur et implanteur mennonite de Montréal. En 2019, il a créé CARE Montréal, un ministère de refuge et de soins aux itinérants. En novembre 2021, le représentant régional du MCC au Québec et membre de l’église mennonite HochMa, Daniel Genest, a interviewé Michel au sujet de ce projet.
Daniel Genest (MCC): Comment les valeurs propres à la justice réparatrice ont-elles influencé la mise en œuvre de l’organisme CARE Montréal qui aide les itinérants à sortir de la rue dans Hochelaga-Maisonneuve?
Michel Monette: La première valeur qui me vient à l’esprit est celle de l’inclusion manifestée par un accueil inconditionnel. Il était important pour nous que ceux que nous servons soient accueillis comme s’ils étaient chez eux. Qu’ils se sentent comme les citoyens qu’ils sont, membres à part entière de cette société et accueillis sans préjugés et avec compassion dans leur situation afin de créer un espace de vie agréable et sécuritaire. Lorsque nous sommes à la maison, nous n’avons pas à nous soumettre à des règles comme si nous étions en prison : nous nous levons et couchons à l’heure voulue, nous ne demandons pas la permission d’aller à la toilette, d’aller fumer dehors, etc. Avant de prétendre les réformer, nous devons d’abord leur communiquer, par notre accueil, nos attitudes à leur endroit, qu’ils ont une valeur intrinsèque. Et ça, ils doivent le ressentir, pas juste se le faire dire. L’humoriste Yvon Deschamps disait : « On veut pas le savoir; on veut le voir ».
DG: Y a-t-il des exemples pratiques de réparation des injustices à partir des valeurs de CARE Montréal?
MM: Quand un nouveau résident arrive, nous lui disons à la blague : « Es-tu un être humain? Si tu n’es pas un extra-terrestre, alors tu es le bienvenu! ». En fait, nous accueillons aussi les non-humains puisqu’on reçoit aussi à l’occasion leur animal de compagnie (une présence souvent importante dans la vie des itinérants). Prenons un autre exemple. Une personne LGBTQ-2 en processus de changement de sexe non-complété se verra refuser l’accès aux refuges existants faute de pouvoir les placer avec les femmes ou avec les hommes, leur situation identitaire complexe ne correspondant pas aux catégories habituelles.
Mais une approche non-discriminatoire est fondamentale pour les aider à rebâtir leur estime de soi. Nous avons donc choisi de ne pas compromettre leur recherche de dignité par le biais de nos pratiques et règlements internes. Notre approche holistique tente de prendre en compte tous les aspects d’une personne et non seulement la surface.
Je connais un itinérant qui fut jadis médecin. Après avoir consacré sa vie à aider les autres, il a perdu son emploi à la suite d’un ACV, est tombé en dépression, puis il a perdu sa maison, sa famille l’a rejeté, etc. Un homme brillant, généreux, mais condamné à la rue et démoli dans son identité, en deuil, en colère. Tous n’ont pas les problèmes de dépendance habituels, mais tous nous arrivent démolis. Alors nous leur laissons du temps pour retrouver sécurité et affirmation, afin qu’ils reprennent leur souffle émotionnellement, et qu’ils ressentent un peu de paix dans ce monde chaotique. Puis nous leurs proposons de petites tâches au sein-même des services que nous offrons.
Ces petits accomplissements les aides à reprendre confiance en eux, en l’humanité et dans la vie en général. C’est un long, long processus impliquant parfois des rechutes mais qui leur apprend la persévérance et une certaine discipline. Nous les aidons à nommer leurs besoins et à trouver ensemble des solutions pratiques pour qu’ils reprennent du contrôle sur leur vie et leur environnement.
DG: Quel est l’impact de CARE Montréal dans l’arrondissement d’Hochelaga-Maisonneuve, à Montréal et dans la société en général?
MM: Le quartier d’Hochelaga-Maisonneuve traîne depuis longtemps une piètre réputation. Il est vu par les gens de Montréal comme un « un quartier de Bougon[1] », c’est-à-dire des gens paresseux et profiteurs vivant au crochet de l’État. Même si l’embourgeoisement du quartier atténue graduellement le préjugé, la perception des gens à l’extérieur du quartier demeure négative (pas un endroit pour élever des enfants). Pourtant, les causes de l’itinérance sont complexes et souvent incomprises. Selon l’exemple du médecin, l’itinérance ne découle pas toujours d’une faille morale individuelle, mais parfois d’un concours de circonstances menant à une spirale vers le bas.
Surtout, il existe un ensemble de facteurs propres au mode de vie occidental et liés au consumérisme, au capitalisme et à l’individualisme, qui mènent à l’exclusion et à la marginalisation des personnes. C’est une chose que je tiens à rappeler aux politiciens. Gouverner pour les payeurs de taxes et rendre le quartier sécuritaire et propre, c’est primordial. Mais les 600 itinérants dans Hochelaga-Maisonneuve (une augmentation de 500 depuis la COVID-19) sont aussi des citoyens du quartier, souffrant à proximité des mieux nantis. Le regard de ces derniers sur les infortunés doit changer…et vice-versa. Tant que les préjugés prévaudront, l’exclusion aura le dessus dans nos villes. Il s’agit donc au fond d’un travail—d’un ministère—de réconciliation.
DG: Quelle place l’Église mennonite HochMa a-t-elle joué dans l’implantation de CARE Montréal dans ce quartier?
MM: La vision est venue de ma femme et moi, couple pastoral à la base de la réimplantation d’une Église locale qui voulait mieux s’incarner dans son milieu. Je suis un disciple de Jésus depuis 1991. Je tâche de suivre ce Jésus qui a vécu sur terre, qui a offert l’amour, l’espoir et la guérison à tous. Le Sermon sur la Montagne (Matthieu, chapitres 5 à 7) met l’accent sur les droits des plus petits de nos sociétés et nous appelle à croire en une société transformée par Dieu, plus inclusive, et Jésus s’est offert en sacrifice pour le bien des autres, incluant les plus démunis.
Un jour, Dieu m’a fourni la vision d’un quartier devenu plus inclusif et à la réputation enviable pour une élever une famille. Une grosse commande vue la faiblesse du petit groupe formant l’Église (une vingtaine d’adultes) et aussi considérant le peu de crédibilité des Églises en général dans la société séculière. Dieu m’a donc aussi donné la foi pour travailler à cette vision. En même temps, si la vision est trop peu ambitieuse, je n’ai alors pas besoin de l’intervention miraculeuse de Dieu et je peux me reposer sur mes moyens humains. Je vois ce quartier (autours de 55, 000 habitants) comme partie du Royaume de Dieu, et je prie pour son intervention dans la vie des gens de l’Église au même titre que dans celle des itinérants que nous servons et de la population en général. Au fond, tous sont invités à marcher à la suite de Jésus!
Depuis, la petite Église HochMa a pu voir une succession de petits et grands miracles. En 2016, nous avons commencé à offrir des déjeuners à 1$ pour les itinérants pendant notre culte du dimanche matin. Ensuite, nous avons ouvert le bâtiment aux itinérants quand il faisait -15 Celsius la nuit. Notre famille d’Églises (Mennonite Church Eastern Canada) a cru en nous et nous a accordé un don de 150,000$ ainsi qu’un prêt de 50,000$ pour rénover notre sous-sol d’église au bénéfice des itinérants (douches, laveuse-sécheuse, cuisine et locaux de formation de reprise en charge). Nous avons pu servir une trentaine d’itinérants avec un budget de 30,000$ et une quinzaine de bénévoles. Or, notre service a connu une croissancefulgurante pendant la pandémie et il s’élève maintenant à presque 300 itinérants servis, 24 heures sur 24 sur 24, 7 jours sur 7, avec plus de 200 employés et un budget frôlant les 15,000,000$. Beaucoup de membres de l’Église travaillent maintenant pour CARE avec certains itinérants sortis de la rue, ainsi que quelques pasteurs et implanteurs d’Églises maintenant à l’emploi de CARE Montréal.
Que Dieu nous aide à discerner où nous pouvons agir dans notre localité, car Lui est déjà en train d’agir! Priez pour que son amour et sa sagesse nous orientent et pour que nous ayons la foi, l’espoir et la paix pour travailler au milieu des forces vives du quartier. Comme Christ s’est incarné parmi nous, « plein de grâce et de vérité » (Jean 1.14), CARE cherche à rendre visible et palpable l’amour de Christ dans notre réalité.
[1] L’expression vient d’une série télévisée québécoise satirique montrant le quotidien d’une famille pauvre d’Hochelaga-Maisonneuve, les Bougon.
ETEQ
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Camp Péniel
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Janvier 2022
MCC
L’ensemble des informations du MCC sur https://mcccanada.ca/stories/verite-historique-et-reconciliation.
Vérité historique et réconciliation
« Spirit of Alliance » : la jeune fille représentée est Helen (vers 1808-1884), fille du colonel Robert Dickson (armée britannique) et d’Ista Totowin (une éminente femme dakota), témoin d’un traité conclu entre le chef Wabasha (Dakota) et le colonel Dickson, en 1813. Cette installation artistique à Saskatoon a été commandée par la Première nation Whitecap Dakota pour commémorer les alliés autochtones de la Couronne pendant la guerre de 1812. Artistes : Adrian Stimson, Ian (Happy) Grove, Jean-Sebastien Gauthier.
Photo : MCC / Randy Klassen
Dans son roman de 1967 intitulé La Plaisanterie, l’auteur français d’origine tchèque Milan Kundera raconte l’histoire de Ludvik, un jeune membre du Parti communiste tchécoslovaque qui tombe en disgrâce du régime et se retrouve puni dans un camp de rééducation pour avoir écrit une blague « réactionnaire » à une fille qu’il courtisait. Au cours de sa longue détention, Ludvik imagine un plan vengeur contre son ancien ami, Pavel, qui l’avait dénoncé au régime. À la fin de sa détention, il met son plan à exécution et séduit la femme de Pavel. Or, Pavel demeure complètement indifférent à l’infidélité de sa femme et, pire, il ne se souvient même plus de sa délation mensongère ayant mené à l’incarcération de son ami plus de vingt ans plus tôt. Bref, le souvenir de l’affront est perdu et les torts ne sont pas réparés. Le livre se termine par ce sombre aphorisme : « Rien ne sera réparé et tout sera oublié ».
Le récit de Kundera exprime l’enjeu de la mémoire en lien avec la justice. L’acte vengeur échoue pathétiquement parce qu’il rate la cible—l’indifférence de Pavel vis-à-vis de sa femme fait de sa séduction par Ludvik un coup d’épée dans l’eau—mais il révèle de surcroît, dans un retournement tragicomique, que de toute façon l’injustice avait été depuis longtemps oubliée par le perpétrateur, rendant ici la justice inopérante. L’effort de redressage des torts devient tristement risible quand Pavel se contente ensuite d’en rigoler. L’oubli de l’Histoire préside ainsi à la perpétuation de l’injustice, puis à la banalisation de la réalité.
Dans la théorie de la justice réparatrice, la prise en compte de l’expérience (ou de l’Histoire) est centrale pour favoriser la réparation du lien social brisé par les torts commis. Une telle démarche, prise à l’échelle des peuples, implique une certaine transparence quant au passé (accès aux documents, lieux de mémoires reflétant la complexité du passé, etc.).
Cette représentation graphique d’un pensionnat autochtone fait partie d’une tradition de style « pictographique », dans l‘installation artistique « Spirit of Alliance », à Saskatoon.
Photo : MCC / Randy Klassen
Un fait récent illustre cependant une tendance inverse chez un gouvernement dont l’attitude apparaît pourtant éveillée à l’enjeu de la réconciliation. Je réfère ici à la lutte du gouvernement canadien pour la destruction des documents exposant les abus commis par le personnel du pensionnat autochtone de Sainte-Anne, en Colombie-Britannique. Depuis 2013, Ottawa a dépensé des millions de dollars pour combattre les poursuites intentées par les survivants des pensionnats dont la cause repose sur ces mêmes preuves documentaires. L’effacement des traces de l’Histoire s’inscrit donc dans une réponse du gouvernement pour faire obstacle au processus judiciaire. De 1906 à 1976, le pensionnat de Sainte-Anne a été subventionné par le gouvernement fédéral, d’où le besoin d’esquiver toute confrontation du passé.
Une autre situation récente illustre toutefois d’un autre angle le problème de la vérité en lien avec la réconciliation. Lors du dernier match d’ouverture des Canadiens de Montréal, le tableau indicateur affichait pour la première fois—une pratique désormais commune à l’échelle canadienne—l’énoncé reconnaissant la présence antérieure des peuples autochtones, leur « dépossession », et leur « accueil » de la diversité d’aujourd’hui. Or, l’énoncé, plein de bonne volonté, a néanmoins perpétué l’idée fausse selon laquelle la nation mohawk (Kanyen’kehà:ka) était l’occupant historique et légitime de Montréal. L’archéologie indique pourtant que le peuple autochtone habitant l’île de Montréal au temps du second voyage d’exploration de Jacques Cartier (1535) était un autre peuple, que les experts appellent aujourd’hui les Iroquoiens du Saint-Laurent parce qu’on ignore leur identité, cousins linguistiques quoique bien distincts des Mohawks, mais inexplicablement disparus lors du retour des Français plus d’un demi-siècle plus tard (1608).
Les Mohawks d’aujourd’hui vivant aux abords de Montréal, proviennent en fait du nord de l’actuel État de New York et des abords du Lac Champlain et ne se sont établis à Montréal qu’à l’invitation des jésuites français qui leur ont concédé des terres aux 17e et 18e siècles. Par la suite, les autorités britanniques puis canadiennes et québécoises ont sans cesse empiété sur ces terres concédées, la Crise d’Oka de 1990 en étant un symptôme plus récent, d’où le besoin aujourd’hui d’honorer la présence des Mohawks. Mais l’inexactitude et l’indifférence des Canadiens de Montréal quant aux faits historiques—par ailleurs reconnus par nombre de leaders mohawks[1]—reflètent encore une fois la tendance de la culture dominante à prendre la question de la vérité à la légère, même si cela partait d’une intention bienveillante…ou bien d’une récupération politique à motivation commerciale. À la suite d’un débat public et après consultations d’experts et de leaders autochtones, une nouvelle version fut présentée quelques jours plus tard.
C’est entre autres dans l’optique de traiter l’Histoire avec respect des faits, et donc des personnes, que j’aborde mon propre travail comme recherchiste au Bureau Paix et Justice du MCC. Bien sûr, de multiples perspectives sur les faits et sur la façon de les organiser se côtoient et s’entrechoquent, et la réalité est toujours complexe à établir. D’où l’importance d’observer une certaine rigueur—et humilité—lorsque l’on s’investit dans l’œuvre de réconciliation avec des populations historiquement opprimées. Jésus lui-même nous rappelle que la liberté découle du fait de connaître la vérité (Jean 8.32), un avertissement qu’il a servi aux chefs religieux de son temps, ceux qui justement avait pour rôle de déterminer ce qui était bien et vrai, et qui se croyaient justes. Il est de notre ressort de traiter l’histoire avec doigté (pour l’exactitude) autant qu’avec audace (pour exposer la vérité), ou bien l’oubli et la banalisation, comme dans le récit de Kundera, finiront par avoir raison de nous.
ETEQ
Camp Péniel
Qu’est-il prévu pour la saison 2022 ? Où en est-on avec la collecte de fonds pour le projet de l’Auberge ? Cliquez sur le lien suivant pour lire la lettre de nouvelles du Camp Péniel et ainsi obtenir les réponses à vos questions !