Les protestants évangéliques : qui sont-ils exactement ?

Notre Église est une Église protestante évangélique. À ce titre, nous ressemblons et nous différons de l’Église catholique romaine.

Qu’est-ce que le protestantisme ?

Beaucoup méconnaissent la présence des Églises protestantes au Québec. On y dénote même une certaine crainte du protestantisme, surtout de nature évangélique. Comment expliquer que les Églises protestantes, après des années de présence en territoire québécois, soient difficilement reconnues et appréciées par la population ? Il y a des sectes et des mouvements religieux douteux, mais les Églises protestantes en font-elles parties ?

Dans le reste de l’Amérique du Nord (au Canada anglais et aux États-Unis), le protestantisme occupe une place plus importante dans la vie religieuse, sociale et culturelle des gens, ce qui n’est pas vraiment le cas ici. Même si, depuis le Concile Vatican II dans les années ‘60, l’attitude de l’Église catholique envers les Églises protestantes a changé considérablement, il n’en demeure pas moins qu’une certaine méconnaissance de la population persiste à l’égard des protestants.

Disons d’emblée que la religion chrétienne, le christianisme, regroupe trois groupes d’Églises : les catholiques, les protestants et les orthodoxes. Ces trois groupes se réclament de la personne et des paroles de Jésus-Christ. C’est pourquoi l’on dit que ce sont des Églises chrétiennes.

D’où viennent les Églises protestantes ?

Les Églises protestantes ont vu le jour au 16ième siècle lors de la Réforme. Ce mouvement religieux visait à corriger certaines pratiques et croyances de l’Église du temps pour revenir aux enseignements des Saintes Écritures. Mais l’opposition à cette réforme de la part de l’Église officielle a amené ceux qui voulaient la réformer, Luther, Calvin et les autres, à en être exclus. C’est ainsi que sont apparues les Églises protestantes, présentes un peu partout en Europe, se rassemblant autour des réformateurs. Avec le temps, différentes confessions protestantes sont apparues : les luthériens, les réformés, les presbytériens, les anglicans, les méthodistes, les baptistes, les mennonites, les pentecôtistes, etc.

Quelles sont les affirmations fondamentales du protestantisme ?

Les protestants affirment que le Christ seul est l’unique Seigneur et Sauveur, d’où la devise solus Christus. Il est le seul intermédiaire entre Dieu et les hommes. À son sacrifice accomplit une fois pour toute, rien ne s’ajoute et rien ne se retranche.

Les protestants affirment l’autorité souveraine de la Bible en matière de foi et de croyances religieuses. Seule la Bible constitue le fondement des croyances chrétiennes, d’où la devise sola scriptura, l’Écriture seule. Elle prime sur toute autorité humaine et ecclésiastique et révèle aux êtres humains le salut vers Dieu et la manière dont ceux-ci doivent se conduire devant Dieu.

Les protestants affirment le salut par grâce, par opposition aux mérites des œuvres. Le salut ne se mérite pas et ne se gagne pas, il se reçoit. Il est don et cadeau de Dieu. D’où la devise, sola gratia, la grâce seule. Dieu pardonne aux êtres humains, non sur la base de leurs mérites personnels, mais sur la base de l’œuvre de Jésus-Christ à la croix.

Les protestants affirment que seule la foi en Jésus-Christ donne accès à la grâce de Dieu. La foi, et non les œuvres, est le canal ou le moyen par lequel l’être humain parvient au salut. D’où la devise, sola fide, la foi seule. La foi est cet abandon et cette confiance que l’on a dans l’œuvre de Jésus-Christ à la croix pour le pardon de nos fautes. Les bonnes œuvres sont alors la manifestation extérieure de la foi. Elles ne sont pas la cause mais le fruit du salut. Par ses bonnes œuvres, le croyant remercie Dieu pour le salut gratuit qu’il reçoit.

Les protestants déclarent qu’à Dieu seul revient la gloire, d’où la devise soli Deo gloria. Puisque le salut est entièrement dû à la grâce de Dieu, lui seul mérite louange et adoration. De plus, il n’y a que Dieu qui soit sacré, divin ou absolu. Aucune entreprise humaine ne peut prétendre avoir un caractère absolue, intangible et universel.

Les protestants affirment qu’il n’y a que deux ordonnances : le baptême et la cène. Si le salut est par grâce et qu’il est reçu par la foi seule, les ordonnances servent alors de symboles et de signes de la Rédemption. Elles rappellent de façon concrète le salut que Dieu donne et ainsi fortifient la foi des croyants.

On peut aussi mentionner chez les protestants l’absence du culte de la Vierge et des saints (tout en reconnaissant le rôle fondamental de Marie et l’exemple inspirant de plusieurs croyants dans l’histoire de l’Église), l’absence de la vie monastique à quelques exceptions près (tout en reconnaissant la spiritualité profonde qui y est rattachée), la prêtrise de tous les croyants (tous les croyants sont des serviteurs de Dieu au même titre que les pasteurs, seuls les rôles diffèrent), et le droit au mariage des pasteurs.

Malgré ces différences, il ne faut pas ignorer et négliger les nombreux points de similitude entre catholiques, protestants et orthodoxes. Entre autres : la croyance en un Dieu unique et trinitaire, en l’humanité et en la divinité du Christ, en l’œuvre salvatrice du Christ à la croix, en la Bible comme Parole de Dieu, en l’Église comme peuple de Dieu et la croyance au retour triomphant du Christ pour établir son Royaume.

Et les évangéliques dans tout ça ?

Les chrétiens évangéliques sont des protestants qui ont été influencé par certains mouvements religieux à l’intérieur du protestantisme (piétisme, revivalisme, etc.). Leur souci premier est de demeurer attaché à la foi chrétienne historique et apostolique. Ils insistent particulièremenet sur l’autorité des Écritures, la nécessité d’une réponse personnelle à l’Évangile (la conversion), le caractère central de la mort de Jésus-Christ pour le salut de l’humanité et l’importance d’être engagé activement dans la mission chrétienne (faire des disciples de Jésus-Christ).

Avec le temps, principalement pendant le Siècle des lumières (18ième siècle) divers courants théologiques sont apparus dans les Églises protestantes, remettant en question les vérités fondamentales du christianisme historique tels que l’autorité des Écritures, la divinité de Jésus, les miracles de Jésus, sa mort salvatrice à la croix ainsi que sa résurrection d’entre les morts. Selon les influences rationalistes du milieu, l’Évangile a été reformulé ou repensé en fonction des sensibilités philosophiques de cette époque. Ainsi apparurent donc au sein du protestantisme des Églises avec des courants théologiques dits « libéraux » (plus critiques face au texte biblique et à l’héritage apostolique), des Églises avec des courants théologiques dits “conservateurs” (plus désireux de maintenir le christianisme traditionnel) et des Églises avec des courants théologiques dits “fondamentalistes” (plus réactionnaires face au libéralisme théologique).

Ces trois grands courants théologiques ne sont pas uniformes, il existe de nombreuses nuances en leur sein. Il faut donc éviter autant que possible de généraliser, les trois pouvant se décliner de différentes façons. Ces trois courants théologiques peuvent aussi se manifester au sein de toutes les confessions protestantes : luthériennes, réformées, presbytériennes, anglicanes, méthodistes, baptistes, mennonites, etc. Seule une analyse sérieuse de leurs discours et de leurs pratiques peut nous permettre d’identifier à quel courant théologique ses conducteurs appartiennent.

Les évangéliques sont-ils tous pareils ?

Il existe divers groupes de protestants évangéliques. Au 16ième siècle lors de la Réforme, le terme “évangélique” était tout simplement synonyme de “protestant”. Mais le terme a évolué et a finit par prendre d’autres connotations de telle sorte qu’il existe aujourd’hui différentes nuances et tendances au sein du monde évangélique. Certains groupes sont plus littéraux dans leur lecture de la Bible, plus réactionnaires face à la société et à la culture, plus tranchants sur les questions morales, etc. D’autres sont plus contextuels dans leur lecture de la Bible, plus nuancés face à la société et à la culture, plus ouverts au dialogue et coopératifs sur le plan social, etc. Des différences considérables peuvent exister entre les groupes en termes d’attitudes, de discours et de pratiques. On ne peut donc pas tous les mettre dans le même “panier”. Encore une fois, seule une analyse sérieure de leurs discours et de leurs pratiques peut nous permettre de les distinguer. Il est malheureux que plusieurs personnes, également certains médias, ne fassent guère la différence. Pour vaincre les préjugés, il faut savoir aller au-delà des clichés.

Des Églises à reconnaître et à apprécier !

Les Églises protestantes évangéliques désirent rechercher le bien commun, favoriser l’harmonie sociale et promouvoir la foi chrétienne au sein d’un monde en souffrance. Elles veulent par l’Évangile, et de concert avec les autres Églises chrétiennes, apporter espoir, réconfort et sens à la vie.

Stéphane Rhéaume, pasteur principal
Église chrétienne évangélique de St-Eustache

“Sanctifie-les par ta vérité : la parole est la vérité.” (Jean 17.17)